ancienne base américaine désaffectée de DREUX appelée DREUX AIR BASE, DREUX SENONCHES, Base de Crucey

DREUX AIR BASE à CRUCEY

 

De mars 1952, date de sa construction en pleine Guerre froide jusqu’à 1967 date du départ des derniers américains, la base américaine OTAN de Crucey (28), connue à l’époque sous le nom de « DREUX AIR BASE », a été une véritable ville qui a compté jusqu’à 2200 soldats américains avec leurs familles et 600 employés français.

Les entreprises françaises, surveillées par une compagnie civile américaine, avaient été largement associées à la construction de 1952 à 1956. La base aérienne militaire NATO-Américaine connut une très forte activité fin 1961, avec la tension à Berlin.

Utilisée par l’USAFE (United States Air Force in Europe), on y compta jusqu’à 70 avions affectés. Essentiellement dédiés aux transports de troupes ou de matériel, ils furent de différents types et notamment des C119, C123, C130. Ils étaient abrités sur la base dans 6 grands hangars portant la dénomination française de « Marguerite », avec pistes chauffées aux abords. Quelques avions à réaction servant à la reconnaissance photographique et quelques chasseurs F104 y ont fait des passages « éclairs », mais ils furent déplacés définitivement sur d'autres bases US, suite à une gêne mutuelle avec le trafic aérien en plein essor des grands aérodromes civils parisiens de cette époque.

Sur la base, les équipements les plus modernes furent construits : plus de 40 constructions dont, une école primaire, un hôpital de 101 lits, une station de pompage d’eau potable, un cinéma, une chapelle, un bowling, une prison (à côté du poste de Police). A l’extérieur, une station d’épuration au plus prés du poste de police et un dépôt de carburant à Louvilliers-les-Perches (28), ravitaillant la base par pipeline et voie ferrée, laquelle faisait également jonction avec la gare de Senonches pour les approvisionnements en marchandises.

La vie sur la base, était très agréable pour le soldat américain, car elle était dotée de nombreuses installations confortables. Il y avait même un théâtre et un dancing. Toutes les constructions étaient équipées des sanitaires et du téléphone.

L’influence économique de la base sur la région fut surtout sensible dans le secteur de la construction et de l’immobilier en général. Les cités « américaines » de Dreux, Senonches et Chateauneuf-en-Thymerais en attestent. Pour le reste, les militaires et les familles n’effectuaient que très rarement leurs achats chez les commerçants locaux car ils disposaient sur la base d’un supermarché largement pourvu de produits spécifiques. Les réserves de nourriture étaient stockées dans des hangars frigorifiques. 4 mess fonctionnant déjà en self service étaient également installés aux quatre extrémités de la base. Celle-ci bénéficiait également de sa propre chaîne de boucherie pour le découpage des carcasses d'animaux et des chambres froides pour le stockage. Il n'y avait toutefois, pas d'abattage sur place.

Les célibataires ont en revanche fait vivre, les nombreux bars et restaurants implantés dans les environs, ainsi que les maisons de tolérance. La plupart de ces commerces ont d’ailleurs fait faillite dans l’année suivant le départ des américains. La région a été surtout marquée par ce parfum authentique « de rêve américain », la France de l’époque se relevant difficilement du dernier conflit. Les anciens se souviennent de relations conviviales avec les aviateurs bien intégrés, de journées « portes ouvertes », des arbres de Noël organisés pour les petits français des alentours, d'une débauche de luxe, de familles américaines se déplaçant dans des voitures rutilantes aux formes imposantes et de la base la nuit qui était aussi bien éclairée qu’une grande ville par rapport aux éclairages modestes des petits villages environnants. Les soldats américains quittèrent notre région avec regrets. Certains reçurent des affectations sur des base US en RFA d'autres partirent au Vietnam .... D'autres témoignages font part de familles françaises ayant entretenu des relations amicales avec des familles américaines et qui les ont accompagnées au Havre, pour leur départ aux USA sur le paquebot « FRANCE ». Des correspondances sporadiques furent échangées ensuite pendant un certain temps.

Après le départ des américains, de nombreux mobil-homes de couleur gris métal, laissés sur place, furent vendus par les services livranciers des Domaines et hantèrent la région pendant plusieurs années.

DREUX AIR BASE, pur produit de la guerre froide, avait été construite car à cette époque la France faisait partie de l’OTAN. La décision de la France en 1964, de quitter l’état major interallié et l’OTAN, provoqua le départ des américains de toutes les bases se trouvant en France.

DREUX AIR BASE coûta 7 milliards « d’anciens francs » pour 8 années de service effectif, soit environ 130 millions d’euros. Cette somme fut payée par l’Etat français, à charge pour celui-ci d’en recouvrer le remboursement soit par l’OTAN pour la tranche initiale, soit par les américains pour les travaux d’extension.

Les américains effectuèrent le retrait des troupes et des matériels de 1964 à mars 1967, date à laquelle le drapeau américain fut définitivement amené. Manifestement les USA ne s'attendaient pas à une telle décision, car certaines constructions de la base en cours de chantier, n’étaient même pas terminées…..

La base s’étend toujours aujourd’hui sur prés de 520 hectares avec 40 kilomètres de routes, 3 belles pistes d’atterrissage de 2400 mètres et jusqu'à 2008, plusieurs hangars arrondis que l’on remarquait de très loin. D’obscures raisons politiques firent que DREUX AIR BASE, dernière née des autres bases US en France et fleuron du modernisme militaire, avec ses équipements récents et son parc immobilier très bien équipé pour l’époque, ne fut hélas pas réoccupée immédiatement par l’armée de l’air française. Depuis la fin des années 1970, les projets n’ont pourtant pas manqué pour tenter d’occuper la place vacante : régiment de chars de combat, élevage de lièvres, réactivation pour l’aviation civile, complexe de tir européen … Rien de tout cela n’a abouti. Ensuite, le manque d’entretien, les différentes catastrophes naturelles, les actes de vandalisme ont sonné le glas de cette pauvre base aérienne au parfum nostalgique "outre atlantique".

Après avoir connu un TEKNIVAL controversé en 2005, elle a été officiellement la proie des démolisseurs.

De 1992 à 2005 on y entendit pourtant de nouveau les sons caractéristiques des moteurs américains (jeep, dodge, GMC, Half Track, char SHERMAN, etc…..). Ce n’était pas le retour des anciens occupants, mais la présence de passionnés de véhicules anciens et respectueux du devoir de mémoire, composant l’association AFCVM (Association Française des Collectionneurs de Véhicules Militaires) dont j’ai l’honneur d’être le Président depuis 1997. Ils y ont abrité leurs véhicules pendant plusieurs années dans d'anciens bâtiments de la base. Au cours de notre séjour, nous sommes tombés amoureux de ce village fantôme et avons même reçu parfois pour une visite, des américains ayant séjourné à l'époque sur la base, notamment des anciens élèves de l’école primaire. Si cette partie de l’histoire de France vous intéresse, vous pouvez retrouver sur notre site www.afcvm.com, des photos actuelles et d’époque de DREUX AIR BASE avec des liens vers des sites web de nos amis américains.

DREUX AIR BASE est devenue à présent pour la moitié, une ferme photo-voltaïque.

Michel ARGENCE, Président AFCVM

Plan de DREUX AIR BASE lors de son fonctionnement.
PLAN DREUX AIR BASE.pdf
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hangars "marguerite" et batiments divers

Système de chauffage sur DREUX AIR BASE ( version française )
scan705.pdf
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Système de chauffage sur DREUX AIR BASE ( version américaine )
scan706.pdf
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Construction de la base

Chapelle de DREUX AIR BASE

Salle de Cinéma de DREUX AIR BASE

Ecole et lycée de DREUX AIR BASE

Différents clichés à partir de la tour de contrôle

Le QG de DREUX AIR BASE

Mess DREUX AIR BASE avec fresques

Tour de contrôle DREUX AIR BASE

Dans la tour de contrôle

Prison DREUX AIR BASE

Les TRAILERS sur DREUX AIR BASE et les mobil-homes qui s'y trouvaient pour abriter les familles américaines

Photo du haut : 1960 -- photo du bas : 2015

Identification trailer house n°T2274 qui était implantée à DREUX AIR BASE

Cérémonies franco-américaines à DREUX à l'époque de DREUX AIR BASE

mars 2020 documentation :                                               LES AMÉRICAINS EN FRANCE

Il s'agit d'un merveilleux ouvrage qui vient de sortir avec les différentes histoires et fonctionnement des bases américaines en France avec pleins de détails techniques et historiques. Il y a aussi de très belles photographies. L'AFCVM vous le recommande. On peut se procurer ce livre directement auprès de l'auteur ou son éditeur :

Fabrice LOUBETTE au 06 10 30 76 51 -- loubettefabrice@hotmail.com                              site : www.france-air-otan.net

Editeur : www.gerard.louis.fr

Vues aériennes juin 2020

Les derniers bâtiments non démolis de la base : le mess "aux fresques" dans le fond et deux immeubles pour la troupe au premier plan
Les derniers bâtiments non démolis de la base : le mess "aux fresques" dans le fond et deux immeubles pour la troupe au premier plan
En lieu et place d'une "marguerite" est implanté un hangar agricole
En lieu et place d'une "marguerite" est implanté un hangar agricole
La partie "ville" côté DAMPIERRE SUR BLEVY a entièrement disparu. Elle est remplacée par les panneaux photovoltaïques
La partie "ville" côté DAMPIERRE SUR BLEVY a entièrement disparu. Elle est remplacée par les panneaux photovoltaïques
Les derniers vestiges de DREUX AIR BASE .......
Les derniers vestiges de DREUX AIR BASE .......