IPSA-Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air

                   Les Convoyeuses de l'Air

 

 

Le texte qui suit a été écrit dans la revue "Debout Les Paras" nr 168,année 1999,par Jean-Claude SANCHEZ.(texte et images).

 

 


                                  Les convoyeuses de l'air

De tous temps,les femmes ont été aux côtés de  l' homme dans les bons et les mauvais moments pour l'assister et le seconder.Certains poètes disent même que la femme est l'avenir de l'homme. Présente dans tous les conflits de l'antiquité à nos jours,son image a tenté d'apporter un peu de douceur  et de chaleur à la violence environnante. Il faudrait un ouvrage de plusieurs tomes pour narrer l'aventure des femmes dans l'armée.Nous nous attacherons dans un premier temps à raconter l'épopée des convoyeuses de l'air à qui de nombreux paras doivent la vie, peu connues du grand public dans leur ensemble, mais dont l'une d'elles, Geneviève de Galard, a fait bien malgré elle la une de la presse internationale.


La genèse.


On peut dire que tout a commencé grâce à trois femmes,Françoise Schneider,la Marquise de Noailles et Lilia de Vendeuvre qui créent en 1934,au sein de la Croix-Rouge,une section d'infirmières de l'air.Trois ans plus tard celles-ci prennent le nom d'IPSA-Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air.


Dès 1936 déjà,elles participent bénévolement à des manœuvres d'évacuations sanitaires avec l'armée de l'air.La défaite et l'armistice de 1940 qui mettent fin à leurs activités,ce qui ne les empêche pas d'animer durant toute la deuxième guerre mondiale l'Entraide Aviation,association créée en 1939 pour aider et soutenir les mobilisés de l'armée de l'air et leurs familles.


En mai 1945,pour faire face aux demandes de transport de passagers et de frêt, l'armée de l'air crée son propre groupement de transport,appelé Groupement des Moyens Militaires de Transport Aérien (GMMTA), chargé de l'évacuation vers la France de 16.000 prisonniers,10.000 déportés et 3.500 jeunes du STO. L'armée de l'air n'ayant pas suffisamment de personnel spécialisé fait appel aux IPSA de la Croix-Rouge.
De mai à décembre 1945, 32 jeunes femmes,toutes volontaires et bénévoles,assurent,à bord des marauders, dakotas et junkers,tous sans confort et sans commodités,avec une chaleur étouffante,des turbulences folles,l'assistance médicale des rapatriés dont la plupart sont dans un état physique proche du délabrement. En octobre de la même année,le Ministre des Colonies fait appel aux IPSA de la Croix-Rouge pour assurer le rapatriement et le convoyage des fonctionnaires et leurs familles, bloqués la guerre durant en AOF,en AEF et à Madagascar et pour assurer les relèves.
Le 1er novembre 1945,le colonel Alias,commandant le GMMTA, obtient du général Valin la création d'une équipe professionnelle d'infirmières de l'air. Dans cette équipe de jeunes filles,dont beaucoup sont de familles aisées, on compte Michaëla de Clermont-Tonnerre, Valérie de la Renaudie, Geneviève Roure, Marie-Thérèse Palu et Marguerite de Guyencourt. L'une d'elles,Berthe Finat,a déjà payé de sa vie le tribut au courage et au dévouement,le 27 septembre ,dans un JU52,au sud d'Agadir,dirigeant les secours avant de s'éteindre en cours d'évacuation.

Le 1er avril 1946,la situation se clarifie un peu avec la prise en charge par le Ministère de l'Air des frais de déplacement ,sans autre rétribution,des convoyeuses qu'il emploie à  titre de personnel civil  et par la création d'un concours ouvert aux assistantes de bord, aux assistantes sociales et aux infirmières de l'air. Les convoyeuses de l'air, nom qu'elles mettront du temps à accepter,sont nées et elles sont au nombre de 35. Marie-Thérèse Palu en prend le commandement pour un mois, devenant ainsi,selon le jargon adopté, la première "reine mère". Elle cède la place en mai à Marguerite de Guyencourt qui sera reine mère jusqu'en 1961.

L'Indochine.


La guerre d'Indochine succède immédiatement au conflit mondial et dès janvier 1947, six" miss",comme on les appelle affectueusement,forment un détachement pour Saïgon. Elles seront trente trois en 1954; C'est en Indochine que naît le concept des évacuations sanitaires (EVASAN) auxquelles elles participent activement.Le 1er juillet 1952,les convoyeuses obtiennent le statut de personnel féminin de l'armée de l'air,sans pour autant pouvoir porter de grade. Durant cette guerre,de That-Ke à Dien-Bien-Phu,en passant par Cao Bang,Hoa Bin et autres lieux de détresse, les miss participent à l'évacuation de 46.700 blessés, dont 23.000 pour la seule année 1954. Cette année,marquée par la période de Dien-Bien-Phu,a été si intense qu'elle mérite qu'on s'y attarde.

Thérèse de Lioncourt,qui fut convoyeuse de 1947 à 1965, reine mère de 1963 à 1965,avant d'embrasser une carrière diplomatique,a raconté:


"Le dakota descendait dans la cuvette de Dien-Bien-Phu et se posait tout feu éteint sur 800 mètres.Dans le noir on chargeait les blessés.On les tirait,plutôt,avant de les jetter dans l'appareil.Le temps était compté,moins de deux minutes.Les viets tiraient .Le pilote ne coupait pas les moteurs,gardait l'oeil sur sa montre,prêt à actionner la sonnerie prévenant qu'il fallait décoller.Le dak repartait en effectuant une serie de spirales.L'opération prenait dix bonnes minutes.Une fois pris le cap,le pilote rallumait la lumière".

Dans la cuvette la situation se dégrade de jour en jour.Dès le 18 mars, les atterrissages de jour deviennent trop dangereux,car les tirs des viets sont trop violents.Comme il reste environ 400 blessés à évacuer,le lieutenant-colonel Descaves,commandant de la base de Gia Lam, met au point les posés de nuit. Dans la nuit du 19 mars, six dakotas peuvent ainsi évacuer plus de cent blessés. "Chaque avion doit charger 19 blessés:6 couchés et 13 assis.D'un côté de l'avion on a laissé les siège pour les blessés assis.Les six brancards seront placés à même le sol pour ne pas perdre une seconde et hissés à leur place lorsque l'avion aura atteint sa ligne de vol."


"Geneviève de Galard",que le monde entier va appeler "l'ange de Dien-Bien-Phu", se trouve bloquée dans la cuvette le 28 mars, le dakota de secours médical ayant eu à l’atterrissage le réservoir d'huile crevé par un piquet de barbelés. Elle se met aussitôt à la disposition du docteur Grauwin qui écrivit par la suite:
"Je me rendis compte qu'elle pouvait entrer dans la grande lignée des filles merveilleuses qui se sont succédées en Indochine depuis huit ans".
Le colonel Langlais obteint par radio de l'Etat-Major de lui remettre la Croix de Guerre des TOE et la Légion d'Honneur. Au soir de Camerone, le 30 avril, les légionnaires de la 13èmeDBLE la nomment légionnaire de première classe d'honneur. Prisonnière avec ses camarades d'infortune le 7 mai, elle est libérée le 24. Ramenée à Hanoï en tenue para,elle est rapatriée en France quatre jours plus tard après avoir effectué en Indochine 149 missions d'évacuation sanitaire,dont 40 à Dien-Bien-Phu.En juin 1954,elle se voit

DLP 168-1999-Dattribuer la Médaille de l'Aéronautique.Elle retournera en 1955 dans le sud indochinois pour une période de trois mois.Au cours de ce conflit indochinois,de nouvelles convoyeuses ont été recrutées, mais le concours est dorénavant réservé aux infirmières diplômées d'Etat. Deux convoyeuses, Michaëla de Clermont-Tonnerre et Christiane de Contenson, qui se sont illustrées à Ngia-Lo en 1951,ont été, fait exceptionnel pour des convoyeuses, décorées sur le front des troupes. Monique Gilles,elle,fut décorée par le général De Lattre en personne. Plusieurs d'entre elles furent blessées, mais Lucienne Just à Dallat,le 13 juin 1947, Béatrix de l'Epine  à Pnom Penh,le 2 novembre 1948 et Gisèle Pons à Saïgon,le 2 août 1951 y laissèrent la vie.Dans d'autres circonstance et en d'autres lieux,mais à la même époque disparaissaient Cécile Idrac à bord d'un halifax,à Pointe-Noire,le 19 septembre 1949 et Geneviève Roure,le 12 juillet 1951 dans un DC2 à Gao.

De la guerre d'Algérie à la guerre du Golf.


En Algérie,au nombre de huit,puis de neuf,les miss participeront à l'évacuation des blessés entre 1956 et 1964 y perdant Jaïc Domergue à Arba,le 29 novembre 1957 et Chantal Jourdy à Tizi-Ouzou,le 8 décembre 1959,toutes deux à bord d'hélicos H34. Dans les années 60,elles participent aussi aux secours portés aux victimes des catastrophes naturelles, tremblement de terre d'Agadir(1960), de Sicile (1968), inondations en Tunisie(1969). La fin de la guerre d'Algérie sonne la mise en sommeil  de leur rôle de soignante.


Le COTAM qui remplace le GMMTA leur fait assurer la fonction de personnel de cabine à bord des DC6 et DC8.


Dans les années 70, certaines sont détachées au Tchad,à Hao, à Mururoa,en Polynésie. Elles assurent le transport des passagers vers la Réunion,  les Antilles et la Polynésie. Dès le 13 juillet 1972 les convoyeuses peuvent porter les grades et appellations de la hiérarchie générale.

Marie-Thérèse Palu avait écrit:
"C'est nous qui avons décrété que nous serions veuves,célibataires ou divorcées et sans charge ffamiliale parce que nous avons compris que pour créer notre service et lui permettre de durer ,nous devions nous y consacrer entièrement". Cette règle ne sera levée qu'en 1972 également,même s'il est fortement conseillé de la respecter. Dès 1973,le port des galons leur est autorisé;la hiérarchie étant cependant limitée au grade de commandant. Les convoyeuse participent aux opérations TACAUD, MANTA, EPERVIER. Elles sont à Kolwezi en 1978. Elles participent aux opérations en Mauritanie et au Ténéré lors de l'attentat du DC10 d'UTA,en 1989.
DLP-168-1999-E.jpgLe 17 août 1977 est une date importante pour elles, un arrêté leur permet d'opter pour le statut d'officier de réserve  en situation d'activité (ORSA) et de faire une carrière courte de quinze ans. Les premières ORSA arrivent en 1981 au sein de la Division des Convoyeuses de l'Air.
Avec la guerre du Golf et la multiplication des missions humanitaires de l'ONU(Bosnie,Cambodge,Rwanda),elles sont,depuis 1990,revenues aux origines du métier dont la mission principale est de chercher les blessés et les ramener.

Actuellement.
Une jeune fille infirmière diplômée d'Etat qui désire entrer dans l'Ordre des Convoyeuses de l'Air doit présenter un concours d'entrée,puis suivre une formation militaire de dix semaines à Salon de Provence, dont trois semaines en formation militaire initiale et sept en formation militaire officier. Elle suivra ensuite des stages sur chaque appareil de la Française de Projection pour recevoir une formation de sécurité cabine afin d'assurer toute évacuation en cas de problème et une formation d'action sanitaire de ces appareils. Elle suivra à Toulouse un stage au Centre d'Instruction des Avions de Transport pour avoir des bases d'aéronautique, un stage de perfectionnement chez les grands brûlés, un stage d'urgence à la Brigade des Pompiers de Paris, un stage de pédiatrie car elle pourra être appelée à convoyer des familles avec enfants. Si elle a des notes supérieures à 12, elle sera brevetée convoyeuse de l'air. Elle doit savoir que les convoyeuses forment un corps très spécialisé dont le symbolisme est représenté par la Croix de Malte,en référence à l'ordre militaire qui se dévouait aux blessés,posée sur deux ailes qui la portent, dominée par l'étoile qui guide et entourée par une couronne de lauriers.


                                   

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Leur rôle,en fonction du degré de la pathologie des évacués, va du conseil pour le chargement de l'avion et la répartition des cas pour le vol,aux soins prodigués durant le convoyage. Elles sont d'alerte 365 jours par an .Chaque convoyeuse est à tour de rôle d'alerte sanitaire pour 24 heures. Aux heures ouvrables, elle est en combinaison de vol, prête à partir. La nuit ou le week-end elle est d'alerte à trois heures chez elle,bip en poche. Si elle décolle, une autre est immédiatement désignée pour la relever.
Tous les ans,pour renouveler leurs qualifications, elles font deux stages, l'un chez les pompiers de Paris et l'autre en réanimation. Elles totalisent environ 8000 heures de vol par an, convoyant des blessés, des malades,des colonies de vacance,des groupes handisport,de téléthon et jusqu'au Président de la République. En 1995,elles ont réalisé 520 évacuations sanitaires,dont 155 pour la FORPRONU. En 1996,année de leur cinquantième anniversaire, 564 évacués dont 267 en ex-Yougoslavie. En 1997, 369 évacués au Tchad et en ex-Yougoslavie. La dernière opération , en juin 1997, a été l'évacuation des ressortissants français à Brazzaville. En 1998, elles sont au nombre de 19, plus trois élèves. La nouvelle restructuration de l'armée ne semble pas les toucher ; leur rôle devrait rester inchangé à l'avenir.

Chef de Division depuis 1997,le commandant Brigitte Membrive, entrée chez les convoyeuses en 1981,est la plus jeune reine mère de leur histoire,car auparavant il fallait faire une longue carrière de convoyeuse avant d'accéder à ce titre.
Après avoir fait quatre mois d'Etat-Major au Bureau Transport par Voie Maritime Aérienne et Sol, des séjours au Tchad,à Mururoa, en Polynésie,à Papetee, au Cambodge, des missions au Liban, elle effectua huit mois aux opérations aériennes à Zagreb où il lui fallut s'imposer et faire ses preuves.
Sa fonction de dirigeante ne l'empêche pas,en plus de son travail administratif, de partir régulièrement en mission. Elle totalise actuellement le plus grand nombre d'heures de vol de nuit. Depuis sa prise de fonction, elle cherche à recontacter les anciennes pour renouer avec le passé et retracer l'historique précis du corps.
Son souvenir le plus marquant:
"C'était au Cambodge,je convoyais un blessé qui avait pris une rafale au niveau de l'abdomen. Nous n'avons hélas pas pu le sauver.Il avait pris ma main en vol et il est mort en la tenant. C'était une extraordinaire relation avec la vie,avec la mère; la femme symbolisant la vie".

Jean-Claude SANCHEZ.

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Mme Geneviève DE GALLARD et Patrick PREVOST, membre AFCVM
Mme Geneviève DE GALLARD et Patrick PREVOST, membre AFCVM

Les IPSA, qui sont-elles ?

Les Infirmières Pilotes - Secouristes de l'Air, nées en 1934, constituaient la Section Aviation de la Croix-Rouge Française. Leurs tâches premières étaient d'être des soignantes en vol ou pilotes d'avions sanitaires.

Au cours des années qui suivaient, sans cesse de nouvelles fonctions leur étaient confiées. En effet, elles devenaient également Assistantes Sociales et Infirmières sur les bases aériennes.

A la fin de la dernière guerre, elles participèrent à la recherche des aviateurs abattus ou disparus. De plus, elles assistèrent les équipages à bord des avions qui rapatrièrent des prisonniers en très mauvais état physique et moral. A partir de cette expérience, certaines, infirmières diplômées d'Etat, furent recrutées par concours les unes comme convoyeuses de l'Armée de l'Air et d'autres constituèrent la totalité des premières hôtesses de l'air de la compagnie T.A.l., ancêtre de l'UTA, où elles furent hôtesses sanitaires, hôtesses et soignantes. Toutes étaient infirmières.

Dans ces deux métiers, convoyeuses de l'air et hôtesses sanitaires, elles participèrent durant la guerre d'lndochine à l'évacuation des blessés et au rapatriement des prisonniers.

Ensuite, en Algérie, elles assurèrent les convoyages des blessés à bord des avions sanitaires et des hélicoptères de l'Armée de l'Air et de l'A.L.A.T. (Aviation Légère de l'Armée de Terre), secourant, prodiguant les premiers soins, soulageant et réconfortant. Toutes étaient alors infirmières diplômées d'État.

La liste était longue de celles qui étaient allées jusqu'au sacrifice, se dévouant aussi bien sur le plan civil que militaire, plongées dans cette ambiance "Aéro" qui était la leur. Que l'action exemplaire de ces femmes, «Élites» de la Croix-Rouge Française, ne soit jamais oubliée.

Ensuite, les activités des IPSA étaient devenues différentes :

  • Certaines faisaient encore carrière dans l'Armée de l'Air, comme convoyeuses, l'École IPSA les préparant au concours d'entrée.
  • Certaines infirmières parachutables ont servi en Algérie à l'ALAT ou dans les SAS.
  • D'autres, qui comme les précédentes, étaient infirmières diplômées d'État, recevaient une formation aéronautique et en médecine aéronautique, aussi bien à Paris que dans certaines villes de province, et composaient les Réserves de l'Air ou Équipes d'urgence de la Croix-Rouge Française. Elles étaient Convoyeuses de Réserve.
  • D'autres encore, dont des Secouristes de la Croix-Rouge Française, recevaient une formation technique ainsi qu'un enseignement de Secourisme Aviation. Ce personnel était entraîné et pouvait intervenir, servir aussi bien l'aviation civile que militaire, secourir en cas de catastrophe ou de cataclysme.
    De plus, ces bénévoles assuraient les postes de secours implantés sur tous les terrains d'aviation de la région parisienne. Ces postes de secours devaient également se voir implantés sur tous les terrains en France.
  • Les IPSA formaient également des infirmières parachutables. Cette équipe vit le jour en 1935. Équipe sportive, entraînée pour être "larguée" à des endroits difficilement accessibles, pour secourir et soigner.

Amicale des IPSA : 5 rue Christophe Colomb 75008 Paris

La Croix Rouge Française possède toujours une école préparatoire du personnel navigant commercial, Celle ci forme au Certificat de sécurité et sauvetage aéronautique indispensable pour être hôtesse ou steward. Elle propose également des formations de perfectionnement ou d'adaptation dans le même domaine.

École préparatoire du personnel naviguant commercial : 98 rue Didot 75014 PARIS

 Quand la Croix Rouge avait ses "chevalières du ciel"

Les Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air (IPSA) constituaient une sorte de "troupe d'élite", 100 % féminine, au sein de la CRF. Leur mission ? Soulager la souffrance et restaurer le corps humain. Retour sur une aventure très particulière.

Croix Rouge et aviation : telle était la vocation des IPSA, dès l'origine, en 1934. Infirmières ou assistantes sociales, ces pionnières avaient opté pour les airs, alors même que l'aviation était balbutiante. Très vite, les comités IPSA ont essaimé en France (mais aussi en Afrique du Nord et en Indochine).

Attention : n'était pas IPSA qui voulait. La plupart d'entre elles étaient pilotes, disposant même, à partir de 1950, de leur propre aéroclub à Guyancourt. Les IPSA excellèrent aussi dans l'art du parachutisme. Au départ, il s'agissait surtout d'apprendre à se dominer face au risque. Le secourisme enfin, complétait la panoplie très spéciale des IPSA.

Au cours de la Guerre 39 - 45, ne pouvant pas voler, elles se sont engagées aux côtés des équipes d'urgence de la Croix Rouge. notamment lors des bombardements. Mais c'est surtout en 1945 qu'elles donnèrent toute leur mesure. Elles furent par exemple chargées de convoyer des prisonniers et déportés rapatriés par avion, soit 4000 civils russes alors regroupés au Touquet Paris Plage.

8 tuées en "service commandé"

Exemplaire fut, au même moment, l'action des 50 IPSA bénévoles de Paris. Certaines étaient affectées au sol, d’autres assuraient les liaisons entre Paris et plusieurs villes européennes libérées. En cinq mois, la section de Paris. aidée par celle de Bordeaux, accomplit 961 missions et permit de ramener en France 9098 déportés politiques, 7 512 prisonniers de guerre et 3 517 STO (Service de Travail Obligatoire).

Peu après, certaines furent intégrées parmi le personnel navigant de l'armée de l'air, en qualité de "responsables sanitaires", d'hôtesses ou d'interprètes ! Pendant la guerre d'Indochine, elles soignèrent les 46743 blessés transportés par avion militaire. En Algérie, elles évacuèrent 48311 blessés et malades civils et militaires. Huit d'entre elles perdirent la vie, en "service commandé".

Ces "troupes d'élites" ont cessé leurs activités en 1984. Elles signèrent pourtant de belles pages liant, au nom du principe d'humanité, la CRF et la grande époque de l'aviation. Mieux, elles furent l'un des fers de lance de l'engagement de l'institution dans le domaine médical aéronautique. Dès 1946, la CRF avait mis à disposition d'Air France ses infirmières, qui préfigurèrent le métier d'hôtesse de l'air. Ce n'est donc pas un hasard, s'il existe aujourd'hui, comme un lointain écho aux IPSA, une Ecole CRF préparatoire du personnel navigant commercial.

  • 1934 : Création d'un corps d'infirmières pilotes d'aviation sanitaire,
  • 1937 : Début de l'entraînement des IPSA au parachutisme,
  • 1939 à 1945 : 240 IPSA sont réparties sur des bases aériennes de France et d'outre mer.
  • 1945 : Rapatriement aérien sanitaire de prisonniers et déportés,
  • 1946 à 1976 : La majorité du recrutement des Convoyeuses de l'Air se fait parmi les infirmières préparées par le service de l’enseignement IPSA de la CRF.
  • 1971 : La formation visant l'obtention du Certificat de Sécurité Sauvetage nécessaire à tout personnel navigant est confiée à la CRF.

Dans la tradition qu’elles ont forgée et sous l’impulsion de leurs animatrices, les IPSA prouvent que les femmes savent aussi mériter des ailes.

(d'après Manuel Soto)

Section IPSA CRF de l'AFCVM

L'AFCVM a voulu rendre hommage à ces femmes héroïques sous la forme de la création d'une section animée par des jeunes filles, membres de l'AFCVM.

Grace à l'aide de Gérard PALAIS, Président de l'UNP de DREUX, nous avons retrouvé des tenues de sortie d'IPSA CRF qui nous ont été données très gentiment par Mme Rosemay DE LA BESSE ancienne IPSA.

Ces tenues sont portées par Bérénice responsable de la section et Léane. Elles ont désiré rendre hommage à ces femmes valeureuses lors de cérémonies commémoratives historiques. Elles utilisent une ambulance DODGE WC 54.

Si vous désirez vous aussi témoigner de votre admiration pour ces illustres convoyeuses de l'air, vous pouvez en adhérant à l'AFCVM, rejoindre cette petite section qui a vu le jour le 29 avril 2014 lors de la Journée Nationale d'Hommage aux morts pour la France en Indochine et qui n'a que la mémoire pour devoir.

Mme Rosemay DE LA BESSE, nous a fait l'honneur d'accepter d'être la Marraine de notre modeste section.

Les diaporamas suivants vous sont présentés avec l'aimable autorisation de Pierre JARRIGE leur auteur.