6 JUIN 1944 - 8 mai 1945. Des plages de Normandie à la chute de Berlin et l'effondrement de l'Allemagne nazie, onze mois de lutte, de larmes et de sang ont été nécessaires aux troupes lliées pour rendre sa liberté au vieux continent.
En contraste flagrant avec l'armée française de 1940, le soldat américain est trés largement motorisé. Si l'infanterie demeure dans beaucoup d'esprits la "reine des batailles" elle ne représente dans l'ensemble de l'armée US, qu'un homme sur dix, tant est grande la spécialisation des personnels.
L'US ARMY, quelles que soient l'arme et l'unité concernée, utilise un parc important de véhicules les plus divers. Le GMC par exemple, propose 17 versions différentes, toutes en dotation officielle : du simple cargo de base à la caisse technique ou au lot 7 de dépannage.
Malgré cette extrème diversité dans les versions proposées, la rationalisation américaine est passée par là et les modèles dérivés font largement appel à des cellules de base et de nombreuses pièces ou groupes sont totalement interchangeables. Ainsi la jeep, construite par deux sociétés différentes : WILLYS OVERLAND et FORD.
Cette standardisation poussée à l'extrème permet éventuellement de "cannibaliser" un véhicule pour en réparer un autre, pratique trés développée dans les ateliers de l'US ORDNANCE.
En ce qui concerne les véhicules américains de l'AFCVM, ils sont majoritairement aux couleurs de la 79ème US DI "division Lorraine" avec comme emblème la croix de Lorraine. Nous avons choisi cette unité, car nous trouvons qu'elle est un véritable trait d'union entre les américains et les français. Cette division s'est battue aux côtés des poilus au cours de la guerre 14/18. Débarquée à UTHA BEACH, elle a souvent combattu aux côtés de la 2ème DB du Maréchal LECLERC.
Des soldats de la 79e DI US dans une tranchée aux alentours de
Cherbourg. © NARA - Normandie Archives. La 79e DI américaine fut originellement créée an août 1917. Expédiée en France en juillet 1918, elle eut le temps de prendre part aux
dernières offensives, sur la Meuse et en Argonne. Avant de retourner aux Etats-Unis en mai 1919, elle souffrit près de 7 000 pertes.
La 79e DI américaine fut réactivée le 15 juin 1942 à Camp Pickett, en Virginie. Elle passa deux ans à s’entraîner dans le Tennessee, puis en Californie, avant de gagner la côte orientale. Elle s’embarqua en Grande-Bretagne le 7 avril 1944, et, en vue des combats sur le continent, perfectionna sa préparation.
La 79e DI devait initialement être rattachée à la 3e Armée du gen. Patton pour n’être employée qu’au moment de l’exploitation de la percée. Néanmoins, elle fut finalement attachée au 7e Corps et expédiée en Normandie moins d’une semaine après le Jour J.
Les opérations de débarquement de la 79e DI se déroulèrent entre le 12 et le 14 juin, sur Utah Beach. Après s’être regroupée à l’ouest de Sainte-Mère-Eglise, la division « Croix de Lorraine » releva la 90e DI aux environs de Valognes. A partir du 19, les 313e et 315e RI attaquèrent à l’ouest de la ville. Repoussant les unités allemandes, la division monta jusqu’à la ligne de défense principale « Hauptkampflinie » le 21, encadré sur ses flancs par les 4e et 9e DI. Le lendemain, après un intense bombardement d’aviation, son 313e RI s’élança en direction des fortifications de la Mare aux Canards. Le 26, le 314e RI prit le Ford du Roule, avant que la division ne soit relevée par la 4e DI le 27 juin.
Une fois la péninsule du Cotentin nettoyée, la 79e DI fut rattachée au 8e Corps et dirigée vers le sud. Elle occupa des positions défensives sur l’Ollonde jusqu’au 2 juillet. Le lendemain, elle fut lancée à l’assaut des positions allemandes dans la douloureuse « Guerre des Haies ». Après la sanglante conquête de la crête de Montgardon, c’est au terme de longs combats de rue qu’elle parvint à s’emparer de La Haye du Puits le 8 juillet. L’avance vers son nouvel objectif, Lessay, fut encore plus difficile : la 79e DI, secondée de la 90e, ne parvint à s’établir aux abords de la ville qu’au terme d’une semaine d’efforts.
Comme pour l’ensemble du front américain, il faudra attendre l’opération Cobra, à la fin du mois de juillet, pour parvenir à percer le front allemand. Le 26 juillet, la 79e DI passa la rivière Ay à la suite de la 8e DI, et, longeant la côte, descendit vers Avranches. Une fois le verrou d’Avranches capturé, la division prit part au gigantesque coup de faux opéré sur les arrières allemands par la 3e armée de Patton : elle parvint à Laval le 6 puis, traversant la Sarthe, au Mans le 8 août.
La désintégration des défenses allemandes à partir du 15 août permit à la 79e DI de poursuivre son avance sur Dreux, puis la Seine. Arrivée dès le 17 à hauteur de Mantes, la division parvint à établir une tête de pont sur la Seine dès le surlendemain à hauteur de Gassicourt, puis à la conserver en dépit des nombreuses contre-attaques menées par l’ennemi entre le 20 at le 27 août.
Après la fin de la bataille de Normandie, la 79e DI accompagna brièvement la progression de la 2e DB Hell on Wheels, et prit la direction de la Belgique où elle pénétra près de Saint Amand. Cependant, elle ne continua pas sur sa lancée mais fut redirigée vers le sud-est dans la région de Joinville, en Lorraine, où elle arriva le 10 septembre.
Une fois sur place, les différents régiments se dirigèrent chacun sur un objectif - le 314e RI se dirigea sur Carmes, puis franchit la Moselle, tandis que le 313e capturait Poussay et le 315e Neufchâteau, le 13 septembre 1944. La semaine suivante fut employée à consolider les gains et à nettoyer les environs.
La 79e DI reprit son avance le 18 septembre et se dirigea vers Lunéville, mais rencontra une forte résistance allemande en approchant de la Meurthe ; un bataillon du 314e RI par vint à s’établir sur la berge opposée de la rivière avant d’être violement repoussé et forcé de retraverser. De son côté, le 315e RI était chassé de Lunéville le 22 après avoir tenté d’en déloger les Allemands.
Les combats se poursuivirent ensuite dans les forêts de Monden et Parroy jusqu’au 9 octobre, date à laquelle une attaque des trois régiments d’infanterie permit de chasser définitivement les forces allemandes. Entre temps, la capture d’Emberménil, le 3 octobre, avait permis d’ouvrir la route vers les hauteurs surplombant la ville à l’est. Les combats pour en chasser les forces allemandes se poursuivront jusqu’au 22 octobre, avant que la 79e DI ne soit retirée du front le 24.
Après trois semaines de repos, la division retourna au combat le 13 novembre aux alentours de Montigny. Elle s’empara de Frémonville le 19 novembre, se dirigea ensuite sur Strasbourg, où elle établit des positions défensives au nord de la ville à partir du 25. Entre le 9 et le 11 décembre, elle prit part aux combats pour Haguenau avant de se retrancher sur la rivière Lauter à compter du 15 décembre.
Le 1er janvier 1945, le secteur tenu par la 79e DI entre Lauterbourg et Wissembourg fut la cible de l’opération Nordwind, attaque surprise allemande déclenchée contre le nord de l’Alsace dans le but de soulager les forces engagées les Ardennes. La division "Lorraine Cross" subit l’assaut du 39e Corps (21e Pz-D et 25e PzGD) mais parvint à se maintenir sur ses positions pendant deux jours ; puis, ployant sous le poids ennemi, elle reflua en combattant en direction du sud. Au cours des deux semaines suivantes, elle porta secours à des éléments encerclés de la Task Force Linden, et repoussa l’ennemi à Hatten et Rittershoffen, avant de se positionner sur la Moder, au sud d’Haguenau, où elle mit un terme à l’avance ennemie.
La 79e DI entre en Allemagne. Après les combats en Alsace, la division fut placée en réserve jusqu’au 24 mars, à l’exception du 314e RI qui fut transporté au confluent de la Roer et du Rhin, en Rhénanie, pour prendre part à l’opération Grenade (23 février). La division dans son ensemble fut ensuite transportée vers la Westphalie. Elle traversa le Rhin le 24 mars, puis atteignit en combattant le canal Rhin – Herne le 29, le 314e RI se dirigeant pour sa part sur le canal Emser.
Le 7 avril, la 79e DI releva la 35e DI sur Gelsenkirchen puis força les deux canaux barrant sa route. Elle atteignit la Ruhr le 9 avril, puis établit d’une tête de pont à Kettwig et participa au nettoyage du cœur industriel allemand jusqu’au 13 avril. Le 16, la division fut retirée du front et chargée d’assurer l’ordre dans la région de Dortmund jusqu’à la fin des hostilités.
Pendant les quelques mois qui suivirent la capitulation allemande, la 79e DI fut affectée à des tâches d’occupation dans les Sudètes, en Tchécoslovaquie, puis en Bavière. Rapatriée aux Etats-Unis, elle fut dissoute en décembre 1945. La 79e DI "Croix de Lorraine" a passé 248 jours au combat.